Quelles sont les complications ?
A court terme : aiguës
Au long cours : chroniques
Complications aiguës
L’hypoglycémie
Définition de l’hypoglycémie chez le sujet diabétique
L’hypoglycémie correspond à une baisse de glycémie telle qu’elle n’assure plus le besoin énergétique des cellules.
Glycémie < à 0.60 g/l (3.3 mmol/l)
L’hypoglycémie peut être asymptomatique ou symptomatique. Trois degrés sont à distinguer :
- La forme légère
- La forme modérée
- La forme grave
Les principaux signes d’alerte
- Des troubles visuels
- Des fourmillements
- Une sensation de « bizarrerie »
- Un ralentissement intellectuel
- Des troubles de l’humeur ou du langage
- Une pâleur
- Des tremblements
- Des maux de tête
- De la transpiration
- De la fatigue
- Une sensation de faim
- Des vertiges …
Un malaise ou tout autre signe inhabituel et d’apparition brutale, doit faire penser à une hypoglycémie chez un patient diabétique traité.
Les Causes de l’hypoglycémie
Chez le patient diabétique insulino-traité :
- Excès d’insuline
- Insuffisance d’apport glucidique
- Effort physique programmé ou pas
- Excès de boissons alcoolisées
- Technique d’injection
Chez le patient diabétique traité par hypoglycémiants oraux :
- Inadéquation entre la prise de sulfamides et l’apport de glucides
- Effort physique programmé ou pas
- Excès de boissons alcoolisées
Traitement et prévention nutritionnels d’une hypoglycémie selon les recommandations de l’ALFEDIAM
Collation apportant 15 g de glucides
Pour un resucrage = effet hyperglycémiant rapide (forme liquide) :
- 3 morceaux de sucre
- 1 petite bouteille de jus de fruits (12.5 cl)
- 2 cuillères à café de confiture ou miel
- 1 pâte de fruit
Pour une prévention de l’hypoglycémie = effet hyperglycémiant lent (forme solide +/- lipides ou fibres) :
- 30 g de pain + 1 fromage
- 30 g de pain ou 2 biscottes + un beurre ou une margarine
- 1 madeleine
- 3 à 4 sablés ou biscuits secs
- ½ croissant
- 2 fruits secs (pruneaux, figues sèches…)
Il s’agit de recommandations valables chez les adultes. Pour les enfants, on conseille un sucre pour 20 kg de poids.
15 g de glucides ingérés correspondent à environ une élévation de la glycémie à 0.5 g/l (2.8 mmol/l).
Le coma hypoglycémique
- Traitement : Injection IV de 2 ampoules de G 30 % + perfusion de G 10%.
- Si traitement par antidiabétiques oraux : hospitalisation obligatoire avec perfusion de glucosé.
L’hyperglycémie
Acidocétose
Signe la carence en insuline
Présence de signes d’hyperglycémie
Révélatrice / défaut d’insulinothérapie / infection intercurrente
Si décompensé : hospitalisation
Physiopathologie
Hyperglycémie :
- Déficit en insuline qui empêche la pénétration de glucose dans les cellules.
- Augmentation de la production de glucose par le foie.
Déshydratation : glycosurie.
Mécanismes de compensation insuffisants d’où conséquences cardiovasculaires (baisse TA), rénales (Insuffisance rénale fonctionnelle) et insulinorésistance.
Pertes électrolytiques :
- perte de sodium (Na +)
- perte de potassium (K +) masquée par la perte d’eau.
Acidocétose :
- Cétose : Conséquence de la lipolyse ⇒ production de corps cétoniques
- Acidose : métabolique due à accumulation des acides cétoniques.
Acidocétose compensée = cétose sans acidose
Signes cliniques :
- syndrome polyuro-polydipsique
- anorexie, nausées, asthénie
- amaigrissement récent
- odeur acétonique de l’haleine
Signes biologiques :
- Hyperglycémie > 3 g/l
- glycosurie
- cétonurie
- cétonémie
- PH : 7.3-7.4
Traitement :
- Augmenter les doses d’insuline (ou débuter une insulinothérapie)
- Surveillance régulière des urines (cétonurie) et des glycémies capillaires
- Assurer une bonne hydratation
Acidocétose décompensée
Signes cliniques
- Altération de l’état général : soif intense, polyurie
- Troubles digestifs : douleurs abdominales, nausées, vomissements
- Troubles neurologiques : obnubilation, coma
- Odeur acétonique de l’haleine
- Dyspnée
- Déshydratation : sécheresse des muqueuses, chute de la TA, pli cutané…
Signes biologiques
- Hyperglycémie entre 3 et 8 g/l
- Glycosurie ++++
- Cétonurie ++++
- Cétonémie ++++
- PH < à 7.3
- Signes de déshydratation
Traitement
- Insulinothérapie à la SAP
- Réhydratation
- Administration de potassium
- Traitement de la cause (infection)
Surveillance
- Clinique : conscience, rythme respiratoire, TA, fréquence cardiaque, diurèse, glycosurie, cétonurie, glycémie capillaire.
- Biologique : glycémie, ionogramme sanguin (K+), PH
Guérison dans 90 à 98% des cas
Si coma : risque de mort dans 1% des cas.
Le coma hyperosmolaire
Chez le diabétique de type 2 âgé
Circonstances de découverte :
- révélatrice
- infections
- AVC
- Médicaments (corticoides, diurétiques…)
Physiopathologie
- Hyperglycémie massive, brutale ⇒ Déshydratation rapide avec insuffisance rénale fonctionnelle
- Absence de cétose
- Absence d’acidose
Conséquences :
- Déshydratation massive (perte d’eau > 10 l)
- Perte ionique : Na+, K+
Signes cliniques
- Polyuro-polydipsie : mais absence de sensation de soif fréquente chez patient âgé
- Troubles neurologiques : obnubilation, coma
Signes biologiques
- Hyperglycémie entre 6 et 20 g/l
- Glycosurie ++++
- Cétonurie 0 ou faible
- Hyperosmolarité > 330 mosm
- Signes de déshydratation (hypernatrémie)
Traitement
HOSPITALISATION
- Réhydratation (10 à 12 l/24 h)
- Insulinothérapie à la SAP
- Administration de potassium
- Traitement de la cause (AVC, infection…)
- Soins de nursing
- Héparinothérapie
Acidose lactique
Rare
Diabétique âgé
Hypoxie + accumulation de Biguanides
Dosage des lactates
Grave ++++
Physiopathologie
Etat métabolique associant baisse du PH < 7.25 et accumulation de lactates artériels
Deux mécanismes :
- Blocage de la glycolyse aérobie
- Blocage de la transformation des AA et AG en glucose
Signes
- Cliniques : signes généraux sévères (adynamie, hypothermie, déshydratation), signes digestifs, nerveux (obnubilation, coma), cardiovasculaires (collapsus), respiratoires (dyspnée sans acétone), troubles musculaires.
- Biologiques : hyperglycémie modérée, acidose, acide lactique élevé.
Traitement
Lutte contre l’anoxie :
- Oxygénation par ventilation correcte
- Assurer pression artérielle normale
- Assurer une diurèse correcte
Lutte contre l’acidose :
- Bicarbonates
- Épuration extrarénale
- Insulinothérapie
Hyperglycémie ponctuelle
Recherche de la cause :
- Mauvaise réalisation de la glycémie capillaire
- Lecteur de glycémie défectueux
- Mauvaise technique d’injection
- Mauvaise adaptation des doses
- Alimentation hyperglucidique
- Médicamenteuse (corticothérapie)
- Infection (plaie, mal perforant plantaire)
- Maladie intercurrente (infection urinaire, gastro-entérite, bronchite…)
Que faire ?
- S’assurer de la fiabilité du résultat (recontrôler) et demander au patient si le résultat de la glycémie s’explique.
- Poser les bonnes questions pour orienter le diagnostic et la conduite à tenir
- Adapter le traitement
- Si hyperglycémie persiste, 3 glycémies élevées et non justifiées ⇒ analyse d’urine, recherche d’acétone
- Appel du médecin
Les complications chroniques
- Microangiopathie : atteinte des petits vaisseaux, caractéristique du diabète.
- Macroangiopathie : atteinte des gros vaisseaux, dépendant d’autres facteurs de risque cardiovasculaire.
Microangiopathie
- Corrélée à l’équilibre glycémique et à la durée du diabète.
- = la rétinopathie, la glomérulopathie, la neuropathie diabétique
- Un bon équilibre ralentit l’évolution : un abaissement de l’HbA1c de 2% diminue le risque d’apparition ou d’aggravation de la rétinopathie diabétique de 60%
- Discordance parfois entre équilibre observé et survenue des complications : facteurs locaux et généraux aggravants ou protecteurs :
∗ HTA, hyperlipidémie pour la glomérulopathie et la rétinopathie
∗ Tabac, alcool, sexe masculin pour la neuropathie.
La rétinopathie
Première cause médicale de cécité avant 50 ans.
La rétinopathie se développe à bas bruit, sans baisse de l’acuité visuelle : 20% des diabétiques ont déjà une rétinopathie lors du diagnostic.
Deux examens indispensables :
- Le fond d’œil, au diagnostic et une fois par an pour tous.
- L’angiographie : au bout de 5 ans d’évolution de diabète, sur avis ophtalmo
Lésions
- Microanévrysmes
- Microhémorragies
- Exsudats, œdèmes
Classification
- Rétinopathie ischémique débutante
- Maculopathie diabétique
- Rétinopathie pré proliférante
- Rétinopathie proliférante
Traitement
Médical : préventif
- Contrôle glycémique
- Contrôle tensionnel
Ophtalmologique
- Photocoagulation au laser
- Vitrectomie
La néphropathie
25 à 30% des diabétiques insulino-traités
Prédisposition + importance du déséquilibre + HTA
Aboutit à l’insuffisance rénale terminale et à la dialyse.
Le diagnostic
La microalbuminurie :
- 1/ an, plus si positive
- interprétable que si pas d’infection urinaire
- recueil de 24 heures
- Normalité : < 20 mg/l ou 30 mg/24 h
Elle témoigne :
- d’une néphropathie débutante
- d’un risque coronarien accru
Traitement
- Normalisation de l’HTA
- Bon contrôle de la glycémie
- Mesures diététiques : réduction pondérale, restriction sodée, réduction des apports protéiques.
- Dialyse
- Greffe rénale
La neuropathie
= atteinte des systèmes nerveux périphériques et autonomes
Complications fréquentes : l’incidence augmente avec l’âge
Facteurs favorisants :
- équilibre diabète
- durée du diabète
- l’âge, sexe masculin
- alcool, tabac
- facteurs nutritionnels
- insuffisance respiratoire chronique
- artérite des membres inférieurs
Neuropathie autonome
- Impuissance : Bilan + Traitement
- Gastroparésie
- Diarrhée motrice
- Vessie neurogène
- Neuropathie autonome cardiaque : tachycardie, hypotension.
Neuropathie périphérique
- Atteinte du système nerveux périphérique
- Forme la plus fréquente : polynévrite « en chaussette » avec perte de sensibilité des pieds à la douleur.
- Autres formes : mononévrites et multinévrites
- Elle doit être recherchée systématiquement par examen clinique (EMG inutile)
Polynévrite sensitivo-motrice
- C’est la neuropathie sensitive qui est la cause première des lésions du pied ⇒ hypoesthésie (diminution des différents modes de sensibilité) ⇒ ulcération zone d’appui.
- De plus, la neuropathie motrice provoque une faiblesse musculaire intrinsèque, des troubles de la statique plantaire, hyperkératose, hémorragies et infection sous la corne.
Macroangiopathie
- 75% des diabétiques décèdent des complications d’athérosclérose
- Principale cause de décès du diabétique
- Maladie coronarienne, artérite, HTA
- Dépendants d’autres facteurs de risque cardiovasculaires.
Maladie coronaire
- Principale cause de décès des diabétiques
- L’ischémie myocardique est 2 à 3 fois plus souvent indolore : silencieuse
- Infarctus, troubles du rythme, insuffisance cardiaque, mort subite
- Dépistage : ECG basal, épreuve d’effort, scintigraphie myocardique, coronarographie.
Artérite des membres inférieurs
- 14 fois plus d’artérite des membres inférieurs chez le diabétique
- Souvent muette, diagnostiquée par une douleur nocturne ou un trouble trophique secondaire à un traumatisme minime (gangrène)
- Dépistage : palpation des pouls, Doppler, artériographie.
Artériosclérose cérébrale
- AVC ischémique
- Dépistage : auscultation des carotides, Doppler
HTA
- Fréquente
- Aggrave le pronostic (œil, rein)
- Permanente, systolo-diastolique
- Nécessite un examen complet de l’arbre vasculaire
Autres complications
Infections cutanéo-muqueuses
- Prurit
- Infections cutanées (furoncles, erysipèle…)
- Mycoses
- Infections dentaires et gingivales
Lésions rares cutanées
- Dermatopathie diabétique
- Nécrobiose lipoidique
- Bullose diabétique
- Granulome annulaire
J’espère que ce cours vous a plu ! N’hésitez pas à le partager ou me laisser un commentaire !
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