Les infections nosocomiales ou liées aux soins



Les infections nosocomiales

Définition

Une infection est dite nosocomiale si elle apparaît au cours ou à la suite d’une hospitalisation et si elle était absente à l’admission à l’hôpital.

Pour les infections du site opératoire, on considère comme nosocomiales les infections survenues dans un délai de 30 jours suivant l’intervention ou dans l’année qui suit l’intervention s’il y a mise en place d’implant ou de prothèse.

Elles concernent aussi le personnel de santé de par sa réceptivité aux agents pathogènes du fait d’une transmission manuportée ou aérienne ainsi qu’à l’occasion d’accidents d’exposition au sang (AES) ou aux liquides biologiques.



Méthodes d’identification

  • L’identification se fait lors d’enquêtes par la personne chargée de la surveillance ou par toute autre personne. La principale source d’informations est le dossier de soins du patient qui doit comporter toute information sur l’état clinique du patient, les gestes invasifs pratiqués et leur date d’exécution.
  • Le ou les systèmes d’information hospitaliers sont essentiels pour définir les dates d’hospitalisation, d’intervention chirurgicale ou d’actes réalisés même à titre externe.
  • Le laboratoire a un rôle important dans la surveillance car il dispose de systèmes informatiques permettant de détecter rapidement une épidémie ou la présence de bactéries Multi-résistantes (BMR) aux antibiotiques qui font évoquer une origine nosocomiale.

Fréquence et impact

Des enquêtes de prévalence réalisées en France en 1996- 2001 puis en 2006 ont permis d’avoir une estimation de la fréquence des infections nosocomiales. Respectivement, 6.7% et 6.9% des patients présentaient le jour de l’enquête une ou plusieurs infections nosocomiales, ce qui signifie que 600000 à 1 million de personnes par an sont concernées.

Ce taux varie en fonction des établissements et des services :

  • Il est de 2.6% dans les hôpitaux psychiatriques et de 12.2% dans les centres de lutte contre le cancer, les CHU étant plus touchés que les CHG (8.8% et 6.9%).
  • La prévalence est de 30% en réanimation, 7 à 9% en chirurgie et de 5 à 7% en médecine.

Les infections urinaires sont les plus fréquentes (40%), suivies par les infections de la peau et des tissus mous (10.8%), puis par les infections du site opératoire (10.3%), les infections respiratoires (10%) et enfin les bactériémies (4.1%).

Les Infections nosocomiales sont graves et sont responsables de 1% des décès en moyenne (4500 décès sont directement imputables aux infections nosocomiales).

L’impact économique est considérable en raison des coûts des traitements et de l’augmentation de la durée des séjours hospitaliers de 1 à 3 semaines. il est d’environ 500 millions d’euros par an.

Agents pathogènes

Les infections nosocomiales sont dues à des bactéries dans plus de 90% des cas.

Escherichia Coli, Staphylocoque aureus, P.aerunginosa,et entérocoques dominent les étiologies. Ces agents sont caractérisés par leur résistance dans le milieu extérieur et une extrême adaptabilité avec acquisition de mécanismes de résistance aux antibiotiques.

Les levures et les virus voient leur fréquence croître également.



Réservoirs

Réservoir humain :

  • malade avec sa flore endogène qui se modifie au cours de l’hospitalisation.
  • autres malades dont les germes sont parfois soumis à une pression antibiotique.
  • visiteurs, personnel soignant : porteurs asymptomatiques.

Réservoir exogène : Environnement : eau (légionellose), air (aspergillus) et aliments.

Modes de transmission

Les principaux modes de transmission sont le contact cutanéo-muqueux, les voies aérienne, féco-orale et les accidents d’exposition au sang.

La transmission peut être indirecte, le plus souvent par du matériel contaminé : cathéters, endoscopes, respirateurs, climatiseurs ou parfois les antiseptiques.

Sujets réceptifs

Tout patient hospitalisé mais surtout ceux aux défenses affaiblies par les âges extrêmes, les affections sous-jacentes ou des traitements immunosuppresseurs.

Le personnel soignant peut être un sujet réceptif.

Causes favorisantes

Tous les actes agressifs de la pratique hospitalière (cathétérisme, sondage urinaire, trachéotomie…), les explorations endoscopiques ou la chirurgie lourde et prolongée.

Une infrastructure hospitalière insuffisante :

  • organisation des circuits (déchets, aliments, linge…)
  • qualité de l’équipement sanitaire.
  • charge de travail du personnel

Source : Lionel Hugard, Mémo Hygiène hospitalière,éditions Lamarre, 2007